Ils ne sont pas redevables !


Permanent syndical CGT du Bâtiment entre 1965 et 1978, je m'insurge contre les menaces qui sont proférées par les administrations françaises à l'égard des travailleurs immigrés en retraite, en l'occurrence contre la demande qui leur est faite de rembourser un argent auquel soi-disant ils n'auraient pas eu droit (L'Est républicain 03/10/2011). 
C'étaient les entreprises qui se chargeaient de remplir les papiers comme ceux de la CAF. Je dis cela en toute connaissance de cause et sûr de mes informations sur ces questions. Nombre d'employeurs ont d'ailleurs dû en répondre devant les tribunaux compétents. 
Je dis, moi, que c'est faux, qu'ils ne trichaient aucunement et que s'il y a eu magouille, c'est du côté patronal qu'il faut la chercher. En effet, ces retraités travaillaient alors pour des entreprises locales implantées à l'époque dans le département comme la SCREG, Gauthrot, France Lanord et Bichaton, Hallé, Pertuy et chez bien d'autres employeurs qui rémunéraient grassement des « passeurs » pour faire venir d'Afrique du Nord une main d'oeuvre parfois clandestine.

On peut d'ailleurs se demander ce que la CRAM a pu trouver d'anormal, car enfin les arrêts pour maladie ou pour blessure sur les chantiers étaient régulièrement constatés et parfois même de manière un peu rigide. Les plus anciens du Bâtiment se souviennent du « petit José » de Pompey qui s'est empalé sur un fer à béton et pour qui la CGT a dû batailler pour faire reconnaître les conditions de l'accident mortel. 
Les démarches des organismes tels que la CRAM, la CAF (allocations familiales, APL) doivent se diriger vers les entreprises et non vers les salariés, car la plupart d'entre eux ne savaient ni lire ni écrire la langue française.
Pour les congés payés et les séjours dans les pays d'origine, ce sont les patrons qu'il faut voir car la Caisse Congés et Prime Vacances était gérée par les seuls employeurs du BTP qui ont toujours refusé que la parité avec les représentants des salariés y soit introduite. 
Quant aux allocations familiales et à l'APL, celles-ci étaient, là aussi, versées au prix d'un contrôle serré.
Alors, Messieurs des administrations, je vous dirai de vous tourner, pour y voir plus clair, vers les employeurs de l'époque. 
Ce qui est vrai, c'est qu'il y avait des accords sous la responsabilité des chefs d'entreprises sur la base de deux années sans partir en congés, ce qui permettait à ces ouvriers d'aller voir leurs familles un peu plus longtemps ou bien aussi pendant les périodes d'intempéries, mais toujours sous la responsabilité des entreprises. 
Les ouvriers immigrés travaillaient, ils avaient les mêmes droits que leurs collègues français, conformément aux droits conventionnels. Pour les qualifications, en revanche, il y avait souvent discrimination effective parce que ces ouvriers étaient étrangers. C'était et c'est toujours une main-d'oeuvre à bon marché et cela, c'est bon pour les profits. Toutes les entreprises de la branche en ont bénéficié.
S'il y a eu maldonne, je l'affirme, ce n'est aucunement du côté des travailleurs immigrés qu'il faut chercher, eux qui ont largement donné pour la France, notre pays.

Francis De Carli.

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