Echange avec un camarade communiste italien


Chers camarade Christian et chers camarades du PCF de Nancy,
Moi aussi, je voudrais intervenir dans le débat sur les prochaines élections législatives en France et apporter ma modeste contribution de ceux qui suivent les événements français à partir d'un point de vue particulier.
Actuellement, comme des millions d'autres personnes en Europe, je suis au chômage avec l'aggravation supplémentaire d'avoir un âge qui, malheureusement, n'est plus verte: 55 ans.
Avec les anciennes lois on pouvait avoir la retraite avec 35 années de travail (j'ai commencé à travailler en 1977), mais la crise du capitalisme mondial, et la volonté des États à rembourser les dettes des banques, a fait tomber la hache sur les droits acquisis pendant nombreuses années de lutte et maintenant pour la retraite me manquèrent "seulement" 7 ans!
Donc, ma situation personnelle est loin d'être rose, et une victoire de ceux qui nous ont guidés à cette catastrophe sociale dans les prochaines élections législatives françaises ne ferait qu'aggraver encore plus la situation des travailleurs de l'Europe entière et avec eux, la mienne personnelle.
Les communistes français ont une occasion historique de déplacer vers la gauche la direction de la politique européenne avec la création de travail et développement, parce que l'Union européenne puisse devenir l'Union des travailleurs, et non pas des les banques, qui, sans sourciller, ont sacrifié la vie, les espoirs et les rêves de millions de gens pour payer une crise qu'elles mêmes ont créé.
Camarades un renforcement aux élections législatives pourrait redonner espoir et un avenir à millions de personnes dans toute l'Europe!
Camarades depuis de vingts ans les communistes repoussent [reculent] dans le monde entier et l'avancement électoral du PCF dans cette situation de grande crise, et donc de faiblesse du capitalisme pourrait être une opportunité historique pour le début de la résurgence des communistes dans toute l'Europe!
En écrivant me ressouviennent les mots de George Gaye, ouvrier métallurgique délégué de la CGTU de Longwy, qui le jour 7 janvier 1925 nous rappelait« Nous ne devons plus avoir de frontières ce n’est pas la classe laborieuse qui les a établies, nous ne devons avoir qu’un seul pays pour tous et un seul drapeau: celui de la faucille et du marteau. »


Salut Davide,

Merci pour tes encouragements.

Il est vrai que les élections en France ont été regardées attentivement, un peu partout en Europe. Le score réalisé par le Front de gauche à l'élection présidentielle nous permet de rassembler une fraction importante de notre peuple contre la politique d'austérité que voulaient nous imoser Sarkozy et Fillon. Mais il nous faut d'abord réussir les élections législatives si nous voulons que les intérêts de la classe ouvrière et de la majorité de notre peuple s'imposent au gouvernement et pèsent sur les décisions de François Hollande et de ses ministres.
Je vois bien le parallèle historique qui sous-tend ta lettre. Le propre des révolutions est évidemment qu'on les voit rarement arriver, même quand on s'active à les préparer. Et même si toute l'Europe est prête à se saisir de solutions nouvelles face à la dictature impitoyable des rois de la finance, je voudrais pouvoir être aussi sûr que toi qu'une poussée à gauche en France aurait une véritale répercussion dans les pays voisins.
Mais d'abord, le plus difficile : réussir cette poussée en France dans les urnes. S'il nous faut infliger une défaite sans merci à la droite, nous aurons du mal à faire valoir nos vues dans ce combat puisque le PS dispose de l'image positive qu'a su se construire le tout récent gouvernement Ayrault.
Mais je partage ton point de vue sur l'importance et l'influence dont peut disposer le Parti communiste français bien au-delà de la France. Nos camarades commencent à en être persuadés, surtout dans notre section où Jean-Claude défend avec conviction la même analyse que toi sur la place spécifique qu'occupe la France dans le concert européen dans la foulée de 1789 et sur le rôle que le PCF peut jouer dans cette France-là. 
Avec nos alliés du Front de gauche, nous nous dépensons sans compter pour que peut-être après le 17 juin, , frétillant sur place comme dans le 1848 de Karl Marx, 
la vieille Europe 
puisse nous lance à nouveau : "bien creusé, vieille taupe !"



A bientôt, camarade
Christian Poirson