Rythmes scolaires, ou l'art de mettre la charrue avant les bœufs







Réfléchir aux questions éducatives et en particulier à la mise en oeuvre des nouveaux rythmes
scolaires est bien difficile pour un élu de gauche aujourd'hui.
La réforme des rythmes, la refondation de l'école recueillait un large consensus cet été. En
décembre patatras, la refondation de l'école viendra après la mise en place des nouveaux rythmes.
Patatras, le projet de décret des rythmes scolaires n'a recueilli que 5 voix favorables au conseil
supérieur de l'éducation (les associations d'élus et des associations complémentaires de l'école). Les
fédérations de parents, les syndicats se sont abstenus ou ont voté contre.
Tous avaient donc des motifs d'insatisfaction.
Décliné au plan local la réforme des rythmes prend la même tournure. Elle prend donc en étau les
élus de gauche entre leur bonne volonté pour améliorer les conditions d'étude des enfants et le peu
de marges de manœuvres laissées par les choix politiques et financiers de leurs collègues ministres
et députés. Mais là n'est pas le plus grave. Mettre les rythmes avant la refondation de l'Ecole est
comme mettre la charrue avant les bœufs. Car l'Ecole c'est plus qu'une question de logistique et
d'emploi du temps.

Les médias ont repris les réserves des enseignants (qui ont été honteusement travesties en
corporatisme) et les difficultés des élus à mettre en œuvre la réforme.
Peu ont parlé des personnels des accueils périscolaires ou extrascolaires. Aujourd'hui on nous
affirme qu'un projet éducatif éducatif territorial leur permettra de passer du statut de garderie à celui
d'accueil éducatif. Un projet éducatif ne remplacera jamais un cadre réglementaire permettant de
définir des conditions matérielles d'accueil, des qualifications, conditions de travail et des statuts
des professionnels. Il faut une Loi.
Là est l'enjeu : les accueils périscolaires et les activités extrascolaires sont-ils éducatifs ? Ou l'on
élargit la sphère éducative réellement à ces temps et ils deviennent des espaces qui relèvent de la
responsabilité de la Nation, ou on réduit l'école au lire-écrire-compter et on ouvre le reste soit à la
municipalisation ou soit à la privatisation.
Car il ne s'agit pas que d'une question d'argent (qui paie ces temps dont on convient tous qu'ils sont
éducatifs) mais qui a la responsabilité de l'éducation et quelle est la finalité de l'éducation ?
Répondre à cette question relève de choix éminemment politiques.
Nous pensons que pour faire exister la République (de citoyens égaux), il faut des instituteurs (on
leur avait donné ce nom parce que leur mission était d'instituer la République). L'Ecole est au cœur
de ce projet. Elle a pour mission de combattre les inégalités et non de les renforcer. Les classes
populaires seront les seules affectées par le moins d'école publique (en quantité, durée et qualité).
Les forces de progrès ont obtenu l'école publique gratuite et obligatoire jusqu'à 16 ans, il se trouve
des forces pour demander qu'elle se prolonge jusque 18 ans. Elargir le périmètre de l'Ecole au
périscolaire est le nouveau défi.

En attendant on peut dans le cadre des municipales de 2014 élaborer des projets éducatifs
territoriaux, réunir tous les acteurs, … mais ne nous berçons pas d'illusions, nous serons bien loin de
la construction d'une alternative ambitieuse pour l'Ecole.

Marie-Christine Bastien

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