Copé appelle-t'il à un coup d'Etat?

"La France a besoin d'un nouveau 1958"  C'est la conviction affichée de Jean-François Copé, le président de l'UMP, dans une tribune publiée samedi 4 mai dans "le Figaro".
"En 1958, certains pensaient que (l'Hexagone) était condamné à l'écrasement, pris entre deux blocs et trahi par des élites à bout de souffle. Le général de Gaulle a montré que la France avait toujours les ressorts pour repartir à l'offensive", ajoute le président de l'UMP, précisant même que la France "a besoin d'une reprise en main, d'un sursaut national. Comme en 1958, ce sursaut ne viendra pas de la gauche, incapable de s'élever au-dessus de ses intérêts clientélistes . (...) Le pouvoir est faible, sans ressort, ni vision pour la France. Bringuebalé par le cours des événements, il fait honte aux Français. (...) Les dirigeants, dignes héritiers de la SFIO finissante, ne comprennent rien au nouveau monde en train de naître".



La référence à 1958 est loin d'être anodine,  tout comme l'idée de "reprise en main". L'arrivée de De Gaulle au pouvoir  cette  année-là  a été le fait d'un véritable coup  d’État. Dans  le cadre  d'une opération baptisée
"Résurrection", impliquant militaires et cadres gaullistes, les fidèles du futur président de la République avaient
pris le pouvoir en Algérie et en  Corse, déposant les représentants de l’État légitime. L'étape suivante était une opération, cette fois-ci sur le sol hexagonal, incluant l'intervention des paras sur Paris. C'est cette menace d'uputsch imminent qui a conduit à la démission du gouvernement Pflimlin et à la passation de pouvoir entre le président  René Coty et Charles de Gaulle. Lequel obtiendra les pleins pouvoirs pour 6 mois, le temps de
rédiger la Constitution de la Vème République. Une Constitution écrite par quelques hommes au profit d'un
seul, quand celle de 1946 avait été préparée par une Assemblée constituante élue à cet effet.



Ainsi, en faisant référence à 1958, Jean-François Copé annonce sa conception du pouvoir : un homme fort, en l'occurrence lui, qui dirige seul. D'où les accusations récurrentes de faiblesse lancées à l'encontre de François Hollande. Il est facile de comprendre pourquoi Copé milite pour une telle solitude du pouvoir. Il veut notamment lancer "la bataille de l'économie en renforçant le couple écoleentreprise", et "la bataille de l'autorité". En clair une éducation pour fournir la main-d'œuvre qualifiée et formatée dont le patronat à besoin. Et l'autorité pour mater les mouvements revendicatifs.
Dans cette tribune publiée par "le Figaro", le patron de l'UMP met en avant un moment historique particulier : l'assassinat de la IVème république parlementaire par le putsch gaulliste. Surfant sur la défiance grandissante vis-à-vis du gouvernement et du président de la République, Jean-François Copé annonce une stratégie de la tension permanente dont les manifestations anti-mariage pour tous n'étaient que le hors-d'œuvre.

Jean Pierre Lavanoux




Jean-François Copé annonce sa conception du pouvoir : un homme fort, en l'occurrence lui, qui dirige seul.



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