Que se passe t-il au FMI ?

Que se passe t-il au FMI ?

Après avoir reconnu la nocivité des politiques d'austérité, voici que le FMI réalise aujourd'hui que la stratégie budgétaire qu'il a préconisée ne fait que prolonger la récession.
Privatisations, réductions des dépenses publiques, baisses d'impôts, bas salaires … sont incompatibles avec la croissance et l'emploi. Des potions amères en échange de l'appui financier de la grande institution.
On connaît l'allergie à l'impôt progressif de ses experts qui serait nocif à la croissance puisqu'ils s’appuient sur une escroquerie intellectuelle qui veut que plus les riches sont riches, mieux les pauvres se portent, la richesses des uns faisant l'emploi des autres.
C'est au nom de cette obscénité que les impôts des plus fortunés ne cessent de diminuer depuis plus de trente ans et que les inégalités s'accroissent.
Coup de théâtre, la dernière étude du FMI intitulée Taxing Times – le temps de l'impôt – va à rebours de toutes ses préconisations. Le FMI vient de s'apercevoir que la progressivité de l'impôt a reculé et qu'il semble exister, dans beaucoup de pays avancés, une marge suffisante pour tirer d'avantage de recettes des plus hauts revenus. Il souligne que revenir aux taux marginaux moyens des années 1980 des 1% les plus riches rapporterait aux pays développés l'équivalent d'un quart de point de leur PIB, soit environ 5 milliards d'euros pour la France.
Toujours selon le FMI, cette augmentation ciblée de la pression fiscale permettrait de lutter contre le développement des inégalités, rendrait les systèmes fiscaux plus solides et plus justes et permettrait de renforcer la légitimité des économies budgétaires.
Rompant avec la tradition néolibérale, le rapport précise que l'endettement public des pays riches n'est finalement pas si grand comparé à la masse des patrimoines privés immobiliers et financiers.
Le FMI juge donc possible de taxer d'avantage le foncier et la fortune. Il émet même l'hypothèse de mettre en place un prélèvement sur le capital pour réduire la dette publique.
Voilà qui décoiffe et rend septique …
Après l'erreur de l'an passé, la « vénérable » institution ferait-elle une crise d'angoisse ? Ses économistes, ses grands experts, seraient-ils en plein désarroi ? Réalisent-ils que les purges imposées aux nations et l'austérité ne ramèneront pas les dettes à leur niveau d'avant la crise financière de 2007 ?
D'où ce soudain revirement en faveur de l'impôt progressif. Mais attention, cette progression épargnerait malgré tout le capital puisque le FMI pencherait plutôt pour une taxe de 10% sur le patrimoine net d'emprunt des ménages qui s'appliquerait au même taux à l'épargne populaire et aux très gros portefeuilles financiers. Une taxe repoussoir qui, en France, ne ferait qu'alimenter la fronde antifiscale actuelle et ne répondrait pas à l'attente de la majorité de nos concitoyens qui voudrait que notre gouvernent mette en place une fiscalité juste et efficace.
Cependant, ça bouge, ça s'agite au FMI … encore quelques efforts pour être en phase avec ce brave Keynes qui préconisait « d'euthanasier » les rentiers, capitalistes sans profession. Car il n'y a pas d'autre possibilité de sortir de la crise de la dette.

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