Dieudonné : Communiqué du CAFAR (comité antifasciste et antiraciste)

Communiqué du CAFAR (comité antifasciste et antiraciste)

Dieudonné et les tenants de la quenelle invoquent la Liberté, qu’ils vident de son sens, la confondant sciemment avec le délit d’incitation à la haine en tenant depuis longtemps déjà des propos racistes et plus récemment homophobes. Dieudonné a préfèré comparer Christiane Taubira à une Bonobo, au vu – nous citons à contre cœur - des pratiques sexuelles qu’elle a défendu lors du mariage pour tous… A croire que le racisme est encore plus drôle lorsqu’il est aussi homophobe.

La liberté d’expression doit demeurer le principe. Ce principe ne peut servir de paravent aux ignominies de Dieudonné. Ce qui relève du débat public doit être débattu. Ce qui relève de la Justice doit être sanctionné. Ses ignominies sont des délits.

Dieudonné se réclame de l’Égalité qu’il vide de son sens pour dénoncer «le deux poids deux mesures»dans l’indemnisation des descendants de victime de crime historique. En clair, les rescapés de la Shoah et leurs descendants sont mieux lotis que les fils des victimes de la traite des Noirs. Une chose est de dire : le malheur juif a tracé la voie et a permis de penser le nôtre, une autre est d'affirmer qu'il occulte notre misère et doit être évincé. Les mémoires blessées entrent en concurrence au nom de l'affront maximal. Dieudonné a choisi cette seconde voie. Quand il accuse les juifs d’avoir été les instigateurs de l'esclavage transatlantique, il est aussi imposteur comme “historien” que comme “humoriste” : en France, le Code noir, ensemble de textes réglant la vie des esclaves dans les îles françaises, promulgué en 1685 par Louis XIV, interdisait dans son premier article, aux juifs « ennemis déclarés du nom chrétien », de participer à la traite et recommandait de les chasser des îles où ils avaient établi résidence.

Pour Dieudonné le juif n'est plus « le frère de malheur », selon Frantz Fanon, mais celui dont la tragédie, en l'occurrence la Shoah, ternit la mienne et m'empêche d'être son frère.L'écrivain antillais Frantz Fanon aimait à rapporter les paroles de son professeur de philosophie : «Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille, on parle de vous.» Un antisémite était forcément un négrophobe, englobant l'un et l'autre dans une même animosité.

Dieudonné vide donc aussi de son sens la Fraternité. On ne peut d’ailleurs plus en douter après les expéditions punitives menées à Lyon contre des auteurs de « quenelle », geste inventé par l’agitateur pour mettre de l’huile sur le feu.

On nous dit qu’il est contre-productif d’interdire ses spectacles, qu’il ne sert à rien de marcher ou de parler contre les préjugés. Que ce ne sont que des mots. Mais les préjugés sont faits de mots. Et ce sont des mots qui les défont.
Liberté, Égalité, Fraternité. Voilà des mots qui arment contre les préjugés.

C’est en choisissant ces mots, ces valeurs républicaines, piliers de notre démocratie, que Dieudonné vide de leur sens, qu’on ne se trompe pas de combat.

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