Augmenter les salaires pour sortir du chômage

Augmenter les salaires pour sortir du chômage

Décidément, le remède est pire que le mal, et la potion que nous infligent patronat et gouvernement depuis quelques décennies ne fait qu'aggraver la santé du malade. Malgré cela, ces médecins persistent à l'empoisonner par un médicament inefficace.

Sarkozy qui s'était engagé à ramener le chômage à 5% l'a fait augmenter de 33%. Hollande,plus modeste, a promis d'inverser sa courbe en faisant un nouveau cadeau de 20 milliards d'euros au Medef grâce au CICE. Le résultat parle de lui même, le nombre de chômeurs a augmenté de 6% en 2013 et le nombre d'inscrits à pôle emploi s'établit à 4 898 100 en métropole et à 5 194 100 avec les DOM.

Le nombre de demandeurs d'emploi en catégories B et C (temps partiels, emplois précaires)s'établit à 1 594 900 en France métropolitaine. Et toutes catégories confondues, le chômage des jeunes a augmenté de 0,2% en décembre. Le nombre de demandeurs d'emploi et de salariés précaires approche donc les 5,3 millions et on comprend que la cote du président et de son gouvernement atteignent des niveaux d’impopularités inégalées.

De par cet échec annoncé par des économistes de plus en plus nombreux, le PCF et autres progressistes, on aurait pu penser que l'exécutif aurait tiré un enseignement de ce pactole d'inefficacité. Hé bien non ! Il en remet une louche avec le « pacte de responsabilité » qui propose de réduire encore et toujours les « charges » des entreprises à raison de 30 milliards d'euros. Toujours dans la doxa libérale sur le « coût du travail ». Un cadeau supplémentaire sans contrepartie. D'ailleurs, le président du Medef, plus soucieux d'enrichir ses actionnaires que de créer des emplois, s'est empressé de déclarer qu'il ne se sentait aucune obligation de résultat .... Pire, il réclame une nouvelle réduction des « charges » de 100 milliards sur cinq ans pour être sûr de ne pas avoir à rendre de compte sur les 50 milliards déjà accordés.

Le Medef répète à l'envi que rémunérer le travail pénaliserait la compétitivité des entreprises, que notre modèle social est un handicap dans la guerre économique. Il nous assène cettepseudo "vérité" alors que les indicateurs économiques montrent que nos entreprises souffrent d'un manque d'investissement, d'une trop forte rémunération des actionnaires et d'une consommation en déclin faute d'emplois et de salaires corrects. A savoir que la part des salaires dans les richesses produites en France a reculé de 8 points depuis les années 1980 et que la rente indue (ou surcoût du capital) est estimée à environ 100 milliards d'euros annuels.

Quelques clichés simplistes : Les Français travailleraient moins ? Faux ! La France est un des pays d'Europe où l'on travaille le plus et où la productivité est la plus élevée. La flexibilité du marché du travail ? Cela fait trente ans qu'elle est à l'oeuvre avec une précarisation exponentielle du salariat et le nombre de salariés précaires a été multiplié par sept en dix ans. Les marges des entreprises seraient au plus bas, se plaint le Medef. Faux ! Le taux de marge des dix premières entreprises françaises est supérieur de 3 points au taux allemand.

De toute façon, même si les bénéfices diminuent, les entreprises arrivent tout de même à augmenter les dividendes de leurs actionnaires, Et ce ne sont pas les exemples qui manquent, notamment celles du CAC40 qui ont distribué 43 milliards d'euros de dividendes en 2013. Et 2014 sera un meilleur crû, parait-il…

Les cotisations patronales représentent 25% du « coût » salarial et le montant des cotisations familles 5%. Le « pacte de responsabilité » va donc alléger 5% des 25%, soit une baisse de 1,2%. Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint d'Alternatives Economiques dit : « Soyons fous : donnons au Medef ce qu'il demande, 100 milliards d'euros d'allègements de cotisations. On réduirait cette fois le coût de production des entreprises de 14% de 25% du total, soit une baisse de 3,5%. Une misère par rapport aux variations des prix de l'énergie ou du taux de change de l'euro. Qui peut croire que cela va permettre aux chefs d'entreprise de faire un bond de compétitivité ou de reconductions des marges ? »

Ce n'est donc pas de ce coté que se trouvent les ressorts de la création d'emplois. Bien au contraire. D'ailleurs, n'est ce pas le président de la CGPME qui affirme que les allègements n'ont pas de réels impacts sur la bonne marche des entreprises ? Ce qu'il faut, c'est que les carnets de commandes soient remplis. Banco ! Donc ce n'est pas l'offre qu'il faut augmenter mais la demande. Et pour ce faire, il faut augmenter les salaires et de fait le pouvoir d'achat.

La seule progression spectaculaire qui explique la dégradation de la compétitivité des entreprises, est la rémunération des actionnaires et des intérêts bancaires. Elle est passée de 6,9 milliards d'euros en 1978 à 247,6 milliards d'euros en 2008. Elle a été multipliée par 36 en trente ans alors que les salaires étaient multipliés par 4,5. Voilà ce qui handicape les entreprises et non les « charges salariales » qui ne sont autres que la rémunération du travail et des prestations sociales, qui elles-mêmes sont autant de moyens de consommation des produits et services proposés par les entreprises.

Contrairement aux discours inlassablement ressassés, la baisse du chômage passe par unemeilleure rémunération du travail, une réponse aux besoins des salariés et de leur famille.C'est pourquoi il faut revaloriser de façon significative les salaires, les minima sociaux, les traitements et pensions.

C'est le sens de ces propositions : un Smic à 1700 euros brut qui tirerait les autres salaires vers le haut; la fin du gel de l'indice des fonctionnaires; la résorption des inégalités hommes/femmes, qui en outre rapporterait 5 milliards d'euros aux régimes des retraites dès 2015 et 10 milliards en 2020; l'ouverture de négociations salariales dans les branches d'activité et les entreprises.

Voilà qui permettrait de sortir de la crise du libéralisme en faillite. Voilà qui redonnerait espoir au peuple et enverrait dans les cordes l'extrême droite, FN et compagnie qui se repaissent dela misère sociale et profitent du désarroi des couches populaires malmenées par la concurrence etcette société inégalitaire.

C'est possible ! Et comme le dit Paul Krugman, prix Nobel d'économie : « Les solutions sont à portée de main ».


Daniel

Section de Nancy

Conférence Jeudi 13 Février sur l'Histoire de la CGT

 
 
Jean-Claude Magrinelli donne une conférence inédite sur l'histoire de la CGT entre la veille du Front populaire et le déclenchement de la Guerre froide jeudi 13 février à 14h à Nancy (voir pièce jointe). 
Une histoire pas si éloignée de notre présent.