La France prise en otage par les libéraux et leurs marchés financiers

La crise de la dette souveraine alimente bien desdébats. Sous couvert de diminuer celle-ci et les déficits publics, le gouvernement fait subir à nos concitoyens une véritable cure d'austérité afin d'obéir à la troïka (Banque centrale européenne, FMI et Commission européenne). En obtempérant aux injonctions bruxelloises, il se prive des moyens nécessaires à la relance de la croissance et de l'emploi. Il applique une politique injuste qui révolte bon nombre de Français et en pousse certains à se tourner vers l'extrême droite.

Mais qu'en est-il exactement ?

Un audit de la dette publique réalisé par un groupe de travail du Collectif pour un audit citoyen de la dette publiquerévèle que 59% de la dette publique proviennent des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêt excessifs. Baisse des salaires des fonctionnaires, gel des pensions, hausse de la fiscalité des ménages, pacte dit « de responsabilité » qui prévoit 50 milliards supplémentaires de réduction des dépenses publiques ... toutes ces mesures iniques sont justifiées au nom d'un impératif libéral : baisser la dette et le déficit.
Pourtant, l'augmentation de la dette de l'Etat qui représente 79% de la dette publique ne peut s’expliquer par l’augmentation des dépenses puisque leur part dans le PIB a chuté de 2 points en trente ans.
Si la dette a augmenté c’est d’abord parce que tout au long de ces années l’État s’est systématiquement privé derecettes en exonérant les ménages aisés et les grandes entreprises : du fait de la multiplication des cadeaux fiscaux et des niches, la part des recettes de l’État dans le PIB a chuté de 5 points en 30 ans.
Si l’État, au lieu de se dépouiller lui-même, avait maintenu constante la part de ses recettes dans le PIB, ladette publique serait aujourd’hui inférieure de 24 points de PIB (soit 488 milliards €) à son niveau actuel.
Si l’État, au lieu de se financer depuis 30 ans sur les marchés financiers, avait recouru à des empruntsdirectement auprès des ménages ou des banques à un taux d’intérêt réel de 2 %, la dette publique serait aujourd’hui inférieure de 29 points de PIB (soit 589 milliards €) à son niveau actuel.
A noter que la loi de Pompidou/Giscard de 1973 a interdit à l'Etat de se financer auprès de sa banque centrale : la Banque de France. Il fallait enrichir les banquiers.

Quelques chiffres :

29% de la dette de l'État français, soit 589 milliards d'euros en 2012, provient des taux d'intérêts excessifs exigés pendant près de 20 ans par les créanciers. La flambée des taux d'intérêt dans les années 1980 et 1990, provoquée notamment par les politiques du « franc fort » et par la spéculation contre les monnaies européennes en 1992-93, continue de coûter terriblement cher chaque année aux contribuables français, d'autant qu'ils dépassent le taux de croissance
Par ailleurs 24% de cette même dette, soit 488 milliards d'euros en 2012, s'expliquent par la chute des recettes publiques, provoquée par les cadeaux fiscaux (baisses d'impôts, exonérations de cotisations...) qui ont principalement bénéficié aux ménages aisés et aux actionnaires. Au total, en cumulant les effets des cadeaux fiscaux et des taux d’intérêts abusifs, la partie illégitime de la dette publique représente 53% du PIB, soit 59% de l’actuelle dette publique.
Pour mémoire, les cadeaux fiscaux étaient supposés doper la consommation et la croissance. Mais, ces effets escomptés n’ont pas eu lieu parce que ces cadeaux étaient ciblés sur des couches sociales à forte propension à épargner.
L'évasion fiscale (20% de la dette en 2012) et la récession provoquée par la crise financière ont elles aussi contribué fortement à creuser la dette publique. Tout converge : la dette publique a été provoquée par la finance et ne profite qu'à la finance.
Une partie de la dette publique est illégitime, en ce sens qu’elle résulte de décisions prises sans respecter l'intérêt général ou au préjudice de l’intérêt général.
La crise a fait exploser celle-ci (de 64,3 % à 93,5 % du PIB) entre 2007 et 2013. 
Une crise qui résulte de 30 ans de dérégulation financière et de démission des régulateurs publics, soucieux avant tout de stimuler l'essor des marchés financiers internationaux. Elle a été provoquée par l'irresponsabilité des banques, qui se sont livrées à une débauche de prise de risques et que les États ont dû sauver en catastrophe d'une faillite certaine en injectant des milliers de milliards de dollars et d'euros afin d'éviter l'effondrement du système financier.
Pour financer sa dette, l’État émet via l’Agence France Trésor (AFT) des titres financiers que des institutions financières achètent et la plupart d’entre elles ont été impliquées dans des scandales financiers.
L'opacité est totale et les trois pays qui comptent les plus gros détenteurs de la dette française seraient le Luxembourg, les îles Caïmans et le Royaume-Uni.
Les investisseurs étrangers détiennent donc 57,9% de la dette française et l'Etat ne connaît pas ses créanciers. Mais il aurait la possibilité de dresser un état précis de ses créanciers s’il l’exigeait d’Euroclear France ou de SWIFT. Ce serait en outre un moyen puissant de lutter contre diverses formes de fraude et d’évasion fiscales.
La dette accumulée - et la manière dont elle est gérée - constitue aujourd’hui un verrou extrêmement contraignant à toute politique publique alternative, sur deux points essentiels :
• les règles du jeu européennes contraignent à un ajustement budgétaire brutal et aveugle qui ne peut avoir comme résultat que d’entretenir durablement la conjoncture récessive en France et en Europe et de conduire à des coupes irréversibles dans les dépenses publiques.
• l’interdiction d’un « déficit structurel » supérieur à 0,5 point de PIB depuis le Traité budgétaire de 2013 (TSCG) rend impossible toute politique d’investissement public, notamment en matière de transition écologique.
Il faut desserrer ce verrou, en dégonflant la dette accumulée et en changeant les règles de gestion de la dette en visant notamment à se libérer de l’emprise des marchés financiers.
Dans tous les cas de figure, il est légitime que les entreprises privées nationales ou étrangères ainsi que les ménages les plus riches qui détiennent des titres de ces dettes supportent le fardeau de l’annulation ou de la réduction de la dette car ils portent largement la responsabilité de la crise, dont ils ont de surcroît profité. Le fait qu’ils doivent supporter cette charge n’est qu’un juste retour vers davantage de justice sociale.

Daniel

Section de Nancy

campagne nationale du PCF contre le coût du capital

http://www.pcf.fr/coutduK

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